Le phénomène de recul du trait de côte

Trait de côte : selon le SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine), le trait de côte correspond à la laisse des plus hautes mers dans le cas d’une marée astronomique de coefficient 120 et dans des conditions météorologiques normales (pas de vent du large, pas de dépression atmosphérique susceptible d’élever le niveau de la mer).

Recul du trait de côte : ce phénomène correspond à la perte progressive et irréversible de portions terrestres du littoral, au profit de la mer. Ce recul peut être dû à l’action érosive de la mer et/ou à la montée du niveau marin liée au changement climatique.

Les causes

  • L’érosion littorale

Le fonctionnement naturel de la mer (marées, vagues, houles, surcotes) constitue un facteur important d’érosion du littoral. Toutefois, toutes les côtes ne sont pas exposées de la même manière.

– Celles constituées de roches dures comme le gneiss ou le granit présentent une bonne résistance face à l’érosion marine, au même titre que les côtes artificialisées par des ouvrages de fixation (à condition qu’ils soient correctement entretenus).
– Au contraire les côtes constituées de sables ou de roches moins dures comme par exemple la craie sont très sensibles aux assauts des vagues.

  • L’élévation du niveau de la mer

Du fait du changement climatique qui génère une hausse de la température moyenne à la surface du globe, tant sur les zones terrestres que dans les océans, le niveau altimétrique des mers augmente progressivement et s’accélère. Cette augmentation progressive contribue au recul du trait de côte et concerne en premier lieu les zones basses du littoral.

Les risques liés au recul du trait de côte

Depuis plusieurs décennies le littoral français constitue l’un des secteurs géographiques les plus prisés pour vivre. En plus des prix de l’immobilier qui s’envolent, la concentration d’enjeux dans des zones de plus en plus soumises au phénomène de recul du trait de côte accroit les risques. Les façons d’urbaniser, de lotir et d’habiter le littoral doivent être repensées dès maintenant afin d’anticiper le recul du trait de côte et la disparition de ces terres autrefois habitables.

Le trait de côte de la CCCE

Structure du trait de côte

Le trait de côte de la CCCE mesure environ 60 km (de Lancieux jusqu’au Minihic-sur-Rance). Toutefois, les éléments présentés ci-après concernent uniquement la portion située en aval du barrage de la Rance, soit environ 45 km du Floubalay à Lancieux jusqu’au barrage de la Rance à La Richardais.

Répartition quantitative entre les différents types de côtes sur le territoire. Source des données : CEREMA

Structure du trait de côte

Les ouvrages de fixation du trait de côte

D’autres ouvrages littoraux que ceux destinés à protéger contre les phénomènes d’inondations existent. Sur le territoire de la CCCE, les ouvrages de protection contre l’érosion littorale sont destinés à fixer le trait de côte (perrés maçonnés, enrochements…). Néanmoins, il n’y a pour l’heure pas de cadre juridique spécifique pour ce type d’ouvrage.

Par définition, un ouvrage de fixation du trait de côte améliore la résistance face au phénomène d’érosion littorale. De manière générale, la crête de ces ouvrages est au même niveau que le terrain naturel qu’elle protège.

En fonction des problématiques territoriales identifiées et des souhaits politiques locaux, certains ouvrages de fixation du trait de côte peuvent être repris en gestion par l’autorité compétente.

Principe de fonctionnement d’un ouvrage de protection contre l’érosion littorale

 

Les zones basses

Résistance à l’érosion côtière ne veut pas nécessairement dire résistance au recul du trait de côte. En effet, il peut aussi être dû à la montée du niveau de la mer. De fait, dans un contexte d’élévation progressive du niveau de la mer, les zones basses sont en première ligne face au risque de recul du trait de côte. On trouve quelques zones basses sur le territoire qui nécessitent de mener des réflexions adaptées afin de pouvoir conduire une véritable stratégie d’adaptation au recul du trait de côte.

Zones exposées à la montée du niveau de la mer (trait noir = actuel trait / pointillés rouges = le trait de côte avec une élévation d’un mètre du niveau de la mer

Historique de l’évolution du trait de côte

Pour compléter les éléments précédants, il est intéressant d’adopter une approche historique du phénomène de recul du trait de côte. La carte ci-dessous reprend l’indicateur national de recul produit par le CEREMA (tendances d’évolution depuis la fin des années 1950). Ainsi, depuis 60 ans, on constate que sur la très large majorité du trait de côte non-artificiel, le recul est «imperceptible». Le cordon dunaire du polder de Lancieux reste quasiment le seul endroit où la perception du recul a été possible (entre 0 et 0,5 m / an).

 

Les actions de gestion du recul du trait de côte conduites par la CCCE

Un diagnostic auprès des communes pour recenser les zones du littorales exposées

Depuis fin 2023, la CCCE réalise un diagnostic du phénomène de recul du trait de côte sur son territoire. L’objectif de ce diagnostic est de parvenir à disposer d’une base de connaissances solides qui permettra d’abord d’alimenter l’étude sur le recul du trait de côte prévue par la Loi Climat & Résilience, puis de construire à terme une stratégie globale et de déployer des actions adaptées aux situations rencontrées localement.

En plus du diagnostic global conduit en régie, 8 ateliers collaboratifs ont ainsi été conduits auprès de chacune des 8 communes avec pour objectif principal l’apport de connaissances locales fines via un recensement précis des zones à enjeux exposées au recul du trait de côte.

L’étude de recul du trait de côte prévue par la Loi Climat & Résilience

Conformément à la loi « Climat et résilience », les communes particulièrement vulnérables au recul du trait de côte sont identifiées par décret. Elles disposent après cette inscription d’un délai de 1 an pour engager la procédure d’élaboration d’une carte locale d’exposition au recul du trait de côte, puis de 3 ans pour l’intégrer dans leur document d’urbanisme.

Ce type de carte permet de délimiter dans les documents d’urbanisme de ces communes, la zone exposée au recul du trait de côte à l’horizon 30 ans et celle exposée au recul du trait de côte à un horizon compris entre 30 et 100 ans et d’en transposer le résultat dans le document graphique du document d’urbanisme.

Cette étude sera réalisée à l’échelle du Pays de Saint-Malo. La CCCE contribuera activement au bon déroulement et à la bonne exécution de cette dernière.

Polder de Lancieux : la poursuite des réflexions engagées par ADAPTO

Entre 2017 et 2022, le polder de Lancieux (et plus largement la baie de Lancieux) a fait l’objet d’un projet novateur porté par le Conservatoire du Littoral : ADAPTO. Les réflexions conduites dans ce cadre portaient sur de nouvelles formes de gestions souples possiblement réalisables afin d’anticiper les effets de l’élévation du niveau de la mer. Le projet ADAPTO en baie de Lancieux

De très nombreuses études portant sur différents volets ont alors été conduites : biodiversité, gestion hydraulique du polder, exposition aux risques naturels, paysages, aspects sociaux et économiques, usages touristiques… L’ensemble des ressources produites sont disponibles sur www.lifeadapto.eu/baie-de-lancieux.html

Aujourd’hui, la CCCE et la commune de Lancieux désirent pouvoir continuer à bénéficier de l’inertie d’ADAPTO en baie de Lancieux afin d’envisager le futur souhaitable du site en concertation avec la population locale. La CCCE pilote cette démarche.

 

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